12 comportements invisibles de la violence post-séparation

12 comportements invisibles de la violence post-séparation

***Avertissement : Ce texte est écrit au féminin, pour la raison évidente que 99% de nos dossiers en violence conjugale, sont des dossiers de violence faite aux femme et leurs enfants, par un conjoint masculin. Nous sommes tout à fait conscients que la violence conjugale existe sans égard au genre et à l’orientation sexuelle, cependant, nous avons fait ce choix par respect envers notre clientèle féminine qui se retrouve dans ces situations de violence post-séparation.

 

Tu es intervenant.e et tu te retrouves devant un dossier complexe où la mère dénonce avoir subi de la violence conjugale et où le père nie les faits? Tu n’as aucune preuve du passé de violence et tu t’interroges sur la dynamique qui se présente à toi? 

 

Savais-tu que plusieurs indices, plus méconnus, peuvent t’aider à y voir plus clair, afin d’orienter tes interventions et aussi pour sortir de la vision tunnel du conflit de séparation? 

 

En tant qu'intervenant psychosocial mandataire IVAC, je souhaite mettre en lumière ces comportements souvent méconnus, mais aussi les impacts sur les victimes et leurs enfants, qui peuvent relever de la violence post-séparation.

 

Parce que la violence post-séparation ne se résume pas qu’au harcèlement, à la violence physique et sexuelle, au refus de verser la pension, aux menaces claires laissées avec des traces évidentes et tous les comportements généralement relevés par les campagnes de sensibilisation à la violence post-séparation.

 

En tant qu’intervenant psychosocial, beaucoup trop de ces dossiers se retrouvent dans ma clinique, dossiers traités en conflit de séparation par les intervenants du système et par les tribunaux, parce que ces derniers ne sont pas formés à les reconnaître, à les identifier et à prendre les mesures adéquates lorsque vient le temps de prendre action pour protéger les enfants de ce type de parent violent.

 

Trop souvent, beaucoup trop, on retrouve des femmes victimes de violence post-séparation qui sont étiquetées comme aliénantes, car elles souhaitent protéger leurs enfants, ou qui se font reprocher de vivre de l’anxiété et de ne pas assez se détacher de leur vécu de violence.

 

Mamans qui se retrouvent doublement victimisées par le système et qui vont même jusqu’à perdre la garde de leurs enfants, ainsi que leur santé physique et mentale.

 

Explorons donc ensemble, 12 comportements en violence post-separation qui passent trop souvent sous le radar des intervenants et des tribunaux. 

 

L’utilisation des tribunaux comme arme

 

Certains parents violents manipulent les procédures judiciaires pour discréditer et appauvrir financièrement la victime, transformant les tribunaux en outils de coercition. Le parent violent ment aussi habilement devant les tribunaux au sujet de la victime, afin de semer le doute sur sa crédibilité en tant que mère.

Les victimes sont confrontées à une épuisante bataille légale, entraînant des coûts financiers et émotionnels considérables. Le parent violent exerce ainsi un pouvoir destructeur, prolongeant le traumatisme.

 

Prise de contrôle sur les décisions liées aux enfants

 

Dans ce cas-ci, l'ex partenaire cherche à dicter toutes les décisions concernant les enfants, de la garde aux choix éducatifs, sans considération pour le bien-être des enfants. 

Il rejette aussi les propositions du parent victime, en maquillant le tout derrière de faux arguments en faveur des enfants. Le parent violent peut aussi prendre des décisions sans égard à l’opinion de la victime, en appuyant son comportement sur ses droits parentaux, qu’il utilise sans se soucier de la volonté et de l’intérêt des enfants.

Les enfants sont pris au milieu d'un conflit de pouvoir, perdant la stabilité et la sécurité nécessaires à leur épanouissement.

 

Accusations d’aliénation parentale

 

Des allégations d'aliénation parentale sont très souvent lancées par le parent violent, visant à discréditer la victime en manipulant la perception des professionnels impliqués.

La victime est forcée de lutter contre des accusations fausses et dommageables, tandis que les enfants sont emprisonnés dans un climat de manipulation psychologique. Ils peuvent même se retrouver enlevés de leur mère, ou dans une garde défavorable à leur bien-être en raison de ces accusations.

 

Menaces aux enfants de garder le silence

 

Certains parents violents usent de menaces envers les enfants, les enjoignant à garder le silence face aux intervenants ou psychologues.

Les enfants vivent dans la peur constante de représailles, inhibant leur capacité à communiquer librement, compromettant ainsi leur bien-être émotionnel.

 

Refus d’accès aux intervenants ou psychologues, ainsi qu’à plusieurs autres professionnels 

 

Le parent violent refuse que les enfants soient vus par des professionnels, entravant ainsi l'accès à un soutien essentiel. Majoritairement, le parent violent justifie sont refus en disant que c’est la demande de la victime, que c’est elle qui pose problème et évoque que lui n’observe aucun besoin chez les enfants, comme ils sont parfaitement heureux quand ils sont avec lui.

Les enfants sont ainsi privés d'un espace où exprimer leurs émotions et de ressources cruciales pour surmonter les traumatismes.

 

Intimidation des intervenants et des professionnels qui gravitent autour des enfants

 

Certains parents violents vont jusqu'à intimider, harceler, poursuivre et mettre fin à l’intervention des professionnels entourant les enfants, créant un climat hostile. Cela peut être avec l’école, les médecins, les intervenants, etc…

Les intervenants peuvent être dissuadés de fournir un soutien efficace, laissant les victimes sans ressources et isolées. 

 

Reproches et dénigrement du rôle de mère

 

Des reproches et le dénigrement du rôle de mère sont utilisés pour éroder l'estime de soi de la victime.

La victime subit une dégradation continue de sa confiance en elle, entravant sa capacité à protéger et à soutenir ses enfants. Le parent violent manipulateur se crée aussi de la preuve, courriels, textos, implication sociale, le faisant briller comme parent et en diminuant le rôle de la victime.

 

Manipulation émotionnelle

 

Le parent violent utilise la manipulation émotionnelle, jouant sur les sentiments de la victime pour la contrôler.

La victime se retrouve dans un état constant de confusion et d'instabilité émotionnelle, affaiblissant sa capacité à prendre des décisions éclairées.

 

Harcèlement virtuel et technologique 

 

Le parent violent recourt au harcèlement virtuel et technologique, utilisant les médias sociaux et les technologies pour épier la vie de la victime ou la perturber.

La victime se sent constamment traquée, avec des répercussions sur sa santé physique, mentale et émotionnelle. Souvent, le parent violent utilise cette stratégie pour construire de la fausse preuve contre la victime, question de la discréditer devant les intervenants et les tribunaux.

 

Retrait financier

 

Le parent violent exerce un retrait financier, limitant l'accès aux ressources financières de la victime. On ne parle pas ici que de la rétention de la pension alimentaire, mais aussi du refus de payer pour des soins pour l’enfant, des activités parascolaires, etc.

La victime peut se retrouver dans une situation précaire financièrement, augmentant sa dépendance ainsi que son anxiété, et entravant sa capacité à reconstruire sa vie.

 

Ingérence dans les relations entre la victime et les adultes qui gravitent autour des enfants 

 

Le parent violent interfère dans les relations entre la victimes et les intervenants, le milieu scolaire, les professionnels de la santé, isolant cette dernière de son réseau de soutien. Par exemple en les téléphonant pour la dénigrer et miner sa crédibilité ou en se plaignant que cette dernière tente de les influencer.

La victime se retrouve isolée, ce qui peut aggraver les effets psychologiques de la violence subie et la capacité des professionnels à identifier la situation réelle. Cela contribue aussi à un sentiment de perte du rôle de mère de la victime.

 

Destruction de biens appartenants aux enfants

 

Le parent violent peut détruire ou « perdre » délibérément des biens personnels des enfants, qui proviennent de chez la maman victime de violence, pour exercer un contrôle.

Les enfants subissent des pertes matérielles, mais surtout psychologiques, renforçant le sentiment d'impuissance et de vulnérabilité.

 

 

Reconnaître ces comportements est essentiel pour comprendre la complexité de la violence post-séparation. L’anxiété d’une maman qui vit de la violence post-séparation doit être prise en charge pour l’outiller, mais pas pour lui être reprochée! En ce sens, savais-tu que la validation peut apaiser cette anxiété? 

 

En cette période de changements, engageons-nous à éduquer, sensibiliser et soutenir celles touchées par ces formes insidieuses de violence, mais surtout les professionnels qui gravitent autour de ces situations, qui semblent au départ être de complexes conflits de séparation. 

 

Si vous faites partie de ces derniers, qu’un de vos dossiers vous semble complexe, peut-être que la connaissance de ces 12 comportements méconnus vous aidera à y voir plus clair.

 

Ensemble, luttons pour un avenir où chaque femme et chaque enfant puissent vivre libres de la peur! De la peur du système, qui devrait les protéger...

 

Pierre Ouellet, Intervenant psychosocial 

 

Propriétaire de la clinique L’intervenant

Retour au blog