Arrêter d’écouter l’autre

Arrêter d’écouter l’autre

 

 Conseil du jour : Arrêter d'écouter l'autre

Ok, là tu viens de te dire qu’on est complètement dans le champ!

 

Quand Pierre, alias L’intervenant, supervise des stagiaires, il pose toujours la question : « Quand tu interviens, c’est qui que tu dois écouter en premier, toi ou l’autre? » 

 

Du tac au tac, tous répondent : « Ben là! C’est l’autre! »

 

Faux. C’est toi. C’est toi que tu dois écouter en premier. Comme parent, comme intervenant, comme partenaire de vie, la première personne que tu dois écouter, c’est toi!

 

La première chose à faire avant de faire une intervention, c’est d’évaluer ta capacité, ici et maintenant, à recevoir les émotions de l’autre. À te faire rabrouer. À te faire faire de l’attitude. À faire face à un humain qui ne sera potentiellement pas réceptif. À une personne qui ne voudra peut-être pas être ouverte à tes attentes.

 

Bref, après une journée tough au travail, quand tu as eu une prise de bec avec une personne de ton équipe que tu ne peux pas sentir. Après avoir perdu ton meilleur client. Après avoir passé une heure dans le trafic. Quand en arrivant à la maison, tout est le bordel. Que tu te retrouves avec une migraine monstre proche de l’AVC. Quand tu as envie de te cacher en boule dans le fond de ton garde-robe, à boire du chardonnay cheap du dépanneur chinois, en braillant sur une toune de Radiohead. Que tout est de la merde…

 

Et quand soudain, dans ton chaos, ton ado se transforme en invertébré végétatif et qu’il refuse de faire ses devoirs.

 

Tu le regardes. Ton échelle de « à boutte » pourrait faire péter Richter. Tu as envie de lui faire un vomi de reproches. Parce qu’il est la goutte boutonneuse et malodorante qui te bullshite et qui fait déborder le baril de merde que tu accumules depuis le matin.

 

Tu as deux choix.

 

  • Tu réagis et interviens de manière poche. Donc, tu risques de transformer l’équilibre déjà fragile de la maisonnée en véritable bande de Gaza.
  • Tu t’écoutes. Tu évalues ta capacité émotionnelle à faire une intervention saine et efficace. Et tu choisis finalement de ne PAS intervenir. De procrastiner la discipline en misant sur un retour constructif postdaté, à un moment où tu te sentiras disponible et disposé(e).

 

Tu vas peut-être nous trouver un peu fous, mais parfois, la meilleure intervention, c’est de ne rien dire. Rien. Le gros silence. Celui qui mène à la lévitation. Les bruits de criquets et tout.

 

Ça évite l’escalade. La désorganisation. Finalement, ça t’évite d’être poche!

 

Et ça s’applique autant dans ton rôle de parent que dans ton couple.

 

Tu dois t’écouter dans tes capacités à gérer les émotions de l’autre. Évidemment, si ça t’arrive trop souvent de te sentir incapable d’intervenir, on t’invite à demander du soutien! Mais sinon, parfois, choisir consciemment de ne pas intervenir est la meilleure option. Et, entre toi et nous, ton ado ne mourra pas de ne pas avoir fait ses devoirs, un soir. Un soir où lui aussi n’était peut-être pas disposé. Un soir qui aurait pu se terminer par un « Tu gosses, tu comprends jamais rien, fous-moi la paix, je t’haïs! », sous fond de porte qui claque et de babines qui « shakent ».

 

Alors, en s’écoutant, on respecte nos limites. On évite les débordements. En s’écoutant, on crée un espace plus sain pour les autres. En s’écoutant, on s’assure de faire une meilleure intervention quand on sera prêt. On est empathique envers nos propres émotions.

 

Évidemment, si les comportements nécessitent une intervention immédiate. S’il s’agit de comportements qui mettent la personne en danger ou ceux qui l’entourent. S’il s’agit de violence ou de désorganisation. On n’a pas le choix de ne pas s’écouter. On doit intervenir. On ne sera pas à notre top et on ne sera sans doute pas choisi(e) pour une émission de parents modèles à Canal Vie. On va sans doute faire une très mauvaise intervention.

 

Mais dans ce cas, de toute façon, tu sais déjà qu’il faut uniquement « accepter d’être poche » de temps en temps.

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