Chasser les monstres

Chasser les monstres

Chasser les monstres

 

Attention, contenu confrontant!

 

Ok, là, on rentre dans mon dada : les p’tits monstres! Disproportionnées ou minuscules, réelles ou imaginaires, les peurs sont présentes chez tous les enfants. Et tous les parents ont un jour dû intervenir auprès de leurs enfants qui ont PEUR!

 

Tu essaies de regarder District 31, de prendre une douche ou de juste t’écraser sans rien faire pour décanter de ta monstrueuse journée, qui aurait pu faire péter le dalaï-lama au frette. Quand soudain… ton enfant se lève. Il a peur. Tu le remets dans son lit, lui assurant que les monstres, ça n’existe pas, mais il se relève. 2 fois, 3 fois, 4 fois, 10 fois! Il pleure et tu t’impatientes en lui disant qu’il n’est plus un bébé, qu’il doit dormir comme un grand et que même son petit frère sait que les monstres n’existent pas! Et tu ne comprends pas pourquoi, malgré tes interventions, ça ne fonctionne pas.

 

Eh bien, c’est simple! C’est parce qu’il s’agit d’interventions poches! Alors, comme tu acceptes maintenant d’être poche de temps en temps, voir l’article de blog du 2 juin, tu vas lire ce qui suit…

 

Fait intéressant : « Saviez-vous que le système nerveux et le cerveau de l’enfant sont encore immatures jusqu’à 12 ans? Eh oui! Il est donc facile de comprendre que les enfants ne puissent passer par-dessus leurs peurs tout seuls. Sinon, ils n’auraient aucun problème à le faire sans notre aide, non? »

 

Comment aider un enfant qui a peur?

Il est impossible de raisonner un enfant en « crise de peur », alors que seul son cerveau émotionnel est activé! Et croyez-nous que lorsqu’on dit qu’il est activé, c’est qu’il devient le seul à dominer les pensées de l’enfant.

 

La meilleure solution est donc de miser sur le lien d’attachement! L’attachement, la réponse au besoin, la main tendue… bref, ce lien spécial qui vous unit et qui favorise l’apaisement des hormones de stress, de peur et de tension.

Mais comment intervenir quand un monstre poilu qui pue des pieds, un fantôme à l’air bête ou une méchante sorcière qui mange les oreilles sales pourraient s’être introduit dans un garde-robe ou sous un lit?


Eh bien, je vais sûrement te décevoir, mais la réponse se trouve quelque part loin de tes acquis de l’enfance! Vous savez ces formules toutes faites qu’on vous a servies comme un enfer pavé de bonnes intentions sans intention de nuire? Parce que le parent veut tout d’abord apaiser l’enfant rapidement et, souvent, il lui sert des paroles maladroites, blessantes ou remplies de jugements de valeur, sans le vouloir et pensant bien faire. Le résultat est trop souvent que ces formules maladroites plongent l’enfant dans une insécurité affective!

 

Regardons ensemble des exemples À NE PAS SUIVRE, qui nient les peurs des enfants et qui banalisent le ressenti, souvent sans le savoir!

 

RASSURER AUTOMATIQUEMENT : « Ben non, tout va bien, tu n’as pas à t’inquiéter, les monstres n’existent pas, voyons! »

 

Pourtant la peur de ton enfant, elle, est bien réelle dans son cerveau qui, en bas âge, n’arrive pas à tracer la ligne entre l’imaginaire et la réalité.

 

Avec ce type de phrases non rassurantes, l’enfant entend : « On me dit que j’ai peur pour rien, personne ne porte attention à ma peur, alors ça doit être moi le problème! ».

 

LE DÉNI DE L’ÉMOTION : « Il n’y a rien là! »

 

Cette phrase est souvent utilisée quand un enfant se blesse, dans le but de le protéger de sa peur, ou de nous protéger nous, comme parent, de notre émotion face à une situation où notre enfant se blesse.

 

Bref, cette formule nie l’émotion et envoie le message à l’enfant qu’il doit refouler ses ressentis!

 

DÉNIGRER : « Arrête de faire le bébé! »

 

Une formule qui favorise l’intégration d’ancrages dans le développement de l’enfant et qui contribue à la détérioration de son estime de lui! En effet, se faire juger parce qu’on a peur est extrêmement dur sur l’affect d’un humain, pire encore lorsqu’il est petit et qu’il est en pleine construction!

 

MINIMISER : « C’est pas les petites bibittes qui mangent les grosses! »

 

Utilisée depuis des générations, cette phrase toute faite est interprétée par l’enfant comme étant une moquerie et une incompréhension de son ressenti. L’enfant comprend qu’il sera donc préférable de se taire face à ses peurs et peut même ressentir une émotion de honte envers lui-même!

 

LA SURPROTECTION : « Mon Dieu! C’est dangereux et j’ai vraiment pas le goût de passer la journée à l’hôpital aujourd’hui! »

 

Rien de mieux que cette formule pour transposer nos propres peurs sur notre enfant! On l’empêche ainsi de développer ses propres ressources face à une situation, et donc, on mine le précieux chemin vers l’autonomie. Notre enfant aura alors le réflexe de penser que si son parent a peur, c’est que cela doit être méga-supra-giga dangereux. Aussi, s’il arrivait qu’il tombe, par exemple, cela signifierait qu’il se ferait servir le répandu : « Je te l’avais dit! » et ainsi, il risque de ne plus faire confiance à son propre ressenti.

 

LA CULPABILISATION : « Bon, à cause de ta crise, on va être en retard! »

 

Cette phrase culpabilisante est vachement nocive pour un enfant qui croira qu’avoir peur est une erreur qui le rend faible et qu’il risque d’être rejeté s’il ressent cette émotion. En effet, nier la peur d’un enfant par la culpabilisation apprend à l’enfant que vivre des émotions difficiles n’est pas accepté dans sa famille s’il souhaite conserver l’amour et le lien d’attachement des membres de cette dernière!

 

FORCER : « Enweille là, c’est assez, tu y vas et tout va bien aller, c’est dans ta tête! »

 

L’enfant se retrouve alors dans une impasse : soit il y va la panique au ventre, soit il déçoit ou fâche son parent. Cette formule peut même entraîner une crise de panique chez l’enfant, qui ressentira un blocage face aux messages d’urgence envoyés par son cerveau! Il arrive aussi que cela « casse » carrément l’enfant émotionnellement, l'empêchant de développer ses propres ressources intérieures.

 

LA COMPARAISON : « Ta petite soeur de 4 ans le fait, elle! »

 

Sentiment d’infériorité, diminution de l’estime de soi, ça vous parle? En effet, quand on compare les enfants ensemble lorsqu’un fait face à une difficulté, cela lui apprend tout simplement qu’être lui-même est mal, car cela amène à être moins aimé que les autres et qu’il vaut mieux être accepté dans le clan familial qu’assumer ses émotions.

 

Mais Catherine, on fait quoi alors? 

Bonne question!

Premièrement, il est important de prendre du recul et de réfléchir au message qu’on envoie réellement à notre enfant!

Mais avant de t’expliquer mon approche d’intervention simple et efficace, je vais te dire quelque chose de bien important. Off the record. Ce que peu savent à propos de l’acquisition de l’autonomie des p’tits monstres…

Voici le secret le mieux gardé en matière de parentalité : « Saviez-vous que l’autonomie s’apprend tout d’abord par l’assurance qu’un enfant a envers le fait que ses figures d’attachement principales répondent à ses besoins physiques et émotionnels? »

 

Tout enfant qui a peur a le même besoin émotionnel, celui d’entendre « Je te comprends! », et donc, d’avoir le sentiment d’être entendu et compris dans son ressenti.

 

Pour ce faire, il est important de questionner son enfant sur son sentiment de peur afin de réellement comprendre son émotion, mais aussi de lui permettre de ventiler cette émotion paralysante. Car plus il aura cet espace pour ventiler, plus l’émotion se retrouvera à l’extérieur de lui, et plus il prendra confiance en lui et en ses moyens, puisqu’il se sentira accueilli par vous.

 

Alors on s’adresse en premier à l’effet physique de sa peur, dans son ici et maintenant, en lui posant des questions toutes simples nous permettant d’explorer ensemble ses pensées envahissantes.

 

Des questions comme :

  • Pointe-moi où tu ressens ta peur. Dans ton ventre? Ton estomac? Ton dos? Ta tête?
  • Montre-moi combien grande elle est!
  • Est-ce que ta peur te donne de la douleur?
  • À quoi elle ressemble ta sensation? Veux-tu qu’on la dessine ensemble?
  • Et si on inspire profondément ensemble, est-ce qu’elle devient plus petite? 

Ensuite, on s’adresse aux pensées envahissantes, donc, au cerveau de notre enfant, question qu’il puisse se projeter dans le futur.

 

En ce sens, on lui pose des questions comme :

  • À quoi ressemble ta peur? Peux-tu me la décrire? On la dessine?

 

  • Peux-tu me décrire à quoi tu penses dans ta tête?

 

  • Selon toi, qu’est-ce qui se passerait si ce à quoi tu penses arrivait pour vrai? (Durant l’explication de l’enfant, il est important d’échanger avec lui par des paroles rassurantes et validantes : « Je comprends que tu aies peur si tu penses à ça… ».

 

  • Et maintenant, dis-moi ce que tu penses être le meilleur moyen pour te rassurer! (Cela invite l’enfant à faire appel à ses propres ressources et contribue ainsi à développer sa confiance en lui.)

 

  • (Pour donner suite à sa réponse) Penses-tu que si tu essayais ceci, cela fonctionnerait? As-tu un plan B, une autre solution si ça ne fonctionne pas?

 

  • Te sens-tu prêt(e) à faire face à cette peur si elle devait revenir? Penses-tu pouvoir affronter cette peur ce soir? Si non, que penses-tu qu’il manque pour y arriver?

 

Voilà! Toutes ces questions et phrases rassurantes contribueront à aider ton enfant à interpréter de manière plus rationnelle ses peurs, mais aussi, à développer son propre petit coach intérieur, qui lui tiendra la main vers l’utilisation de ses propres ressources. Une belle manière de mettre en pratique la puissance du lien d’attachement, le premier pas vers l’autonomie. Eh oui, saviez-vous que l’autonomie s’apprend tout d’abord par l’assurance qu’un enfant a envers le fait que ses figures d’attachement principales répondent à ses besoins physiques et émotionnels?

 

C’est puissant le pouvoir du lien, alors je te souhaite bons exercices, bon travail et surtout, bonne confiance en tes capacités de parents!

Alors maintenant, chassons les monstres poilus qui puent des pieds! 

(Si les monstres puent trop des pieds, appelle-nous et procure-toi notre affiche Interdite aux monstres!)

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