Eh oui, être plate est un conseil vraiment important. Plate dans le sens d’ennuyant. Plate dans le sens de laisser son enfant s’ennuyer. Être l’inverse de ton contact Facebook qui a dont toujours l’air super créatif à faire plein d’activités avec ses enfants. Quand tu regardes ses photos, tu te dis qu’il est à la veille de se réorienter en gestion évènementielle pour p’tits morveux. Le salon de la créativité et de la parentalité, c’est cette personne qui l’a inventé. Cette personne est aussi à la veille de signer un best-seller intitulé Comment rendre la sur-stimulation célèbre grâce aux médias sociaux : Le guide pratique. Et toi, tu regardes ça et ça te met la pression.
Bref, être plate, comme dans le contraire d’un G.O. du Club Med. Comme l’inverse de Youppi pis de Disney On Ice. Plate, plate, plate. Plus plate qu’une ride Montréal-Québec sur la 20 en écoutant le baseball à la radio. Bah… ok, mettons plate de même!
Je veux que tu arrives à être plate. Même si en 1998 tu travaillais en animation dans un camp de jour et que ton nom était « Egg roll ».
(FAIT AMUSANT : Quand notre boss Pierre, alias L’Intervenant, était jeune, il a été animateur de camp de jour et son nom de camp était « Egg roll ». Alors on n’en manque pas une pour lui rappeler!)
Je veux que, parfois, tu laisses ton enfant s’emmerder solide. À rester assis tout seul, dans le gazon, à en mâchouiller le boutte blanc en trouvant que c’est bon. À regarder les gouttes de pluie ruisseler sur la baywindow en s’imaginant une course aux Olympiques de la pluie. Il doit aussi tourner en rond de temps en temps dans la maison, en cherchant quoi faire sans que tu lui sortes mille possibilités pour se désennuyer. Il doit parfois faire rien. Juste rien.
Tu es un parent. Tu fais déjà plein d’activités enrichissantes avec ton enfant. Et ça, c’est sans compter les multiples cours et autres activités sportives auxquels il est inscrit. Avec l’école et en plus du service de garde. En plus du camp de vacances l’été. Bref, ton enfant a déjà le même train de vie que l’attaché de presse de Joe Biden et il n’a que 7 ans. D’ailleurs, je vais peut-être t’en reparler une autre fois de ça, les enfants à qui on donne des horaires d’attaché-de-presse-pas-de-vie.
Mais là, je vais être plate moi aussi et je vais me contenter de t’apprendre quelque chose qui va complètement à l’encontre de tes conceptions de parent qui veut tellement que ses enfants aient du fun avec lui.
Un enfant qui s’ennuie, c’est un enfant qui se développe.
Et là, tu vas me dire : « Mais là, Catherine, comment veux-tu que mon enfant se développe en faisant rien? »
Eh bien, c’est simple. Quand il fait rien. Et je ne dis pas rien devant un écran, là. Mais bien rien de chez rien. Quand il ne fait rien, il repose ses émotions. Mais surtout, il apprend à faire appel à ses ressources internes.
Les ressources internes sont son petit coach intérieur, qui l’aide à avoir confiance en ses moyens. À trouver lui-même ses solutions. À s’obliger de se désennuyer lui-même. À ne pas toujours compter sur « Egg roll » pour rendre sa vie stimulante.
Et quand il s’ennuie en faisant rien, tout seul dans le gazon ou à parier sur les Olympiques de la pluie à la fenêtre, il apprend aussi à se sentir bien avec lui-même. À développer son monde intérieur, qui devra le soutenir de plus en plus en vieillissant.
Alors, chaque fois que tu te sens coupable, parce que ton enfant a l’air de s’ennuyer, dis-toi que ce que tu es en train de le laisser faire, c’est de devenir un humain capable de compter sur lui-même.
Essaie d’être plate des fois et tu constateras que ton enfant est capable d’être heureux dans sa tête, ses émotions et son imaginaire.
(Si tu es tout le temps plate, appelle-nous!)
Un texte de Catherine Parent, co-fondatrice souvent-plate